
L’auberge de jeunesse. Quel lieu curieux quand on y pense.
L’auberge de jeunesse. Quel lieu curieux quand on y pense.
La traduction française de l’hostel, n’a, en réalité, aucun sens. Ces auberges de jeunesse accueillent des familles, des quarantenaires, des étudiants, de jeunes adultes, de vieux adultes.
Ce tiers lieu attise toute ma curiosité. A l’heure où j’écris, j’ai séjourné dans une trentaine d’auberges, toutes plus différentes les unes des autres. La grande diversité de ce lieu fait sa richesse.
Laissez-moi vous raconter comment cette machine infernale prend vie.
J’ai souhaité décrire l’auberge en parlant du corps et de l’esprit.
Le corps de l’auberge, ou plutôt son squelette, ce sont ses murs, ses aménagements, ses aménités, son mobilier, sa cuisine, sa literie, ses draps, ses salles de bains.
Ouaahhh, j’en ai vu des squelettes différents. Il y a les auberges, neuves, peintes, modernes, qui n’ont pas vraiment d’âme. Puis il y a celles qui sont vieillissantes mais charmantes. J’en ai vu des sombres et tristes, grises, métalliques, qui s’apparentent à un dortoir de colonie de vacances.
Quand certaines ont des salles de bains communes, mixtes, d’autres séparent hommes et femmes. Certaines ressemblent aux salles de bains de nos maisons, d’autres aux vestiaires du gymnase de votre collège.
Parfois c’est le grand luxe. Chaque dortoir a sa propre salle de bain. Ce n’est pas nécessairement plus propre. Au moins avec les salles de bains communes tu as la chance de ne pas savoir qui est passé avant toi…
Certaines salles de bains sont en extérieure dans la jungle. Plutôt cool de se doucher avec les oiseaux. D’autres, en pleine ville, abritent des cafards, des araignées et autres spécimens. Moins cool.
Je crois que depuis le 20 septembre j’ai dû me doucher moins de 5 fois sans mes tongues. J’ai oublié la sensation que de sentir le carrelage froid sous mes pieds puis le tapis sec et doux à la sortie de la douche. Je n’y peux rien si mettre mes pieds là -bas, me provoque un profond dégout. L’hypocondriaque qui est en moi se réveille dans ces moments-là .
Les chambres. L’endroit où tu dors. Pas le plus important selon moi, mais il reste un endroit à considérer. C’est ton intimité pour la semaine, ou les deux jours que tu passeras ici. Là encore les chambres sont si différentes. Certaines sont mignonnes mais trop petites pour les backpacks de tout le monde. D’autres sont si grandes qu’elles paraissent vides et tu n’y trouves pas ta place. Il y a eu des dortoirs de 18, de 6, de 4, et de 2. Le plus souvent ce sont des lits superposés. Il arrive qu’il y ait des lits doubles dans certains dortoirs.
J’adore les lits à la structure bois, il apportent une chaleur à la chambre que les lits en métal rejettent immédiatement.
Quand j’ai dû prendre les lits du haut, j’ai maudi les ingénieurs qui ont conçu les barreaux de l’échelle en métal, de forme cylindrique. C’est quel genre de torture pour tes pieds ça ?
Certaines chambres sont mixtes, d’autres non. Ça ne me dérange pas de partager la chambre avec des garçons. Souvent j’ai été la seule fille du dortoir. Ça n’a jamais été un souci. Au mieux ils deviennent tes amis au pire vous vous ignorez mutuellement.
Les garçons ne ronflent pas tant que ça. En réalité je dors partout sans aucun problème, donc peu m’importe qui, partage ma chambre.
Je crois que le roomate de l’enfer est celui qui part à 4h/5h du matin et qui décide de faire sa valise à cette heure-là . Alors les doux bruits des fermetures-éclaires, du kway qui se plie, viennent se glisser dans tes rêves et te sortent de ton sommeil lointain.
Bon je vous passe le chapitre sur les draps douteux.
La cuisine est un grand sujet aussi. On passe de la cuisine, spacieuse, très propre et super bien équipée, à la cuisine plus petite que celle d’un studio où tu es obligé de faire un dépôt de 10$ pour avoir des couverts et assiettes (oui oui ça existe).
Parlons un peu des espaces communs. Je dirais que c’est le coeur du corps de l’auberge. C’est là où tout se passe, les arrivées, les sorties, les repas, les soirées, les moments chill…
Là encore la diversité est immense. Certaines auberges ont la chance d’avoir des lieux de vie chaleureux, accueillants, avec des canapés, hamacs, piscines parfois, chaises, livres, tables basses, salle à manger. Quand d’autres doivent se contenter d’une petite salle sombre, poussiéreuse, avec un canapé, sur lequel personne ne souhaite s’asseoir.
Mais bon, comme on dit, il ne faut pas se fier aux apparences. Alors au-delà du corps, allons regarder au niveau de l’esprit.
Je dirais que l’âme de l’auberge c’est l’atmosphère, l’ambiance, l’énergie qu’elle dégage.
Cette âme est nourrie par les gens qui y séjournent. Ce sont eux qui animent le lieu. Ils font prendre vie aux murs silencieux.
Je ne suis pas souvent restée très longtemps dans une auberge. Mais j’ai toujours voulu en faire l’expérience. Ça doit fou de rester dans un lieu qui devient ton quotidien, tout en étant spectateur du turn-over intense des guests.
Certains sont donc ici à long terme. J’en ai rencontré. Ils ont tous une histoire différente. Soit il habite ici en attendant de trouver un logement , soit ils y travaillent quelques mois…
D’autres posent leurs valises pour un court séjour allant de 2 nuits à une semaine. Je fais partie de cette catégorie.
Enfin, il y a ceux qui ne sont que de passage. Parfois pour une nuit et une journée, parfois même moins que ça. Entre deux avions, deux bus, deux soirées… ils arrivent vers 1h du matin, ne défont même pas leur backpack, et repartent aux aurores.
Même en si peu de temps, il est très facile de capter l’ambiance de l’auberge. L’atmosphère parfois très festive, tranquille, pesante, glauque, familiale… C’est elle qui fait l’identité du lieu.
Je ne sais pas ce que je préfère. Les grandes auberges ou les petites… Certaines auberges, par leur aspect impersonnel ne permettent pas de se sentir chez soi. Au contraire, les plus petites auberges peuvent être un obstacle de plus à la recherche d’intimité. Effectivement, lorsque l’on se trouve dans de touts petits espaces communs, de toutes petites chambres, il est difficile d’avoir un espace pour soi.
Finalement, je pense que j’ai aimé et détesté un petit peu toutes les auberges dans lesquelles j’ai séjourné. Ce qui m’a le plus marqué c’est leur diversité.
La jeunesse est définie comme la période entre l’enfance et la maturité. Dès lors que l’on devient mature, nous ne sommes donc plus jeunes et à même de loger en auberge ? C’est bien ça ?
Mais alors, quand s’arrête la jeunesse ? La maturité est-elle corrélée à l’âge de chacun ? Peut-être, que la dénomination d’auberge de jeunesse appréhende la jeunesse d’une manière plus philosophique.
Je ne sais pas vraiment. Mais ce que je sais c’est que dans les auberges de jeunesse il n’y a pas que des individus entre 18 et 28 ans. Loin de là .